top of page

Alinalu

L'air sur la terrasse du penthouse était chargé d'un parfum de jasmin et de rires sourds. Alina tenait son verre de Bordeaux, sa robe en soie bleu marine luisant dans la lumière tamisée des lampadaires. Plongée dans sa conversation, une mèche de cheveux noirs lui tombant sur l'œil, elle se pencha vers son compagnon. Dans un geste passionné, le bord du verre effleura le fermoir de son revers. Le mouvement fut minime, mais suffisant. Un filet lent et épais de vin rouge, aussi sombre que la nuit, glissa sur le tissu délicat. Alina laissa échapper un petit cri. « Oh non », murmura-t-elle en fixant la traînée cramoisie qui s'étendait rapidement de son décolleté à sa taille. Impossible d'ignorer la tache, une déclaration audacieuse de sa maladresse. Son compagnon se leva aussitôt. « Allons à l'intérieur. Tu dois enlever ça. La soie… » Sa voix était grave, à peine audible par-dessus la douce musique. Dans la luxueuse salle de bains, avec son carrelage en marbre froid et ses miroirs aux reflets multiples, Alina se retrouva seule. La robe, qui lui avait semblé élégante quelques instants auparavant, n'était plus qu'un vêtement lourd et collant. Elle prit une grande inspiration et, d'une main agile, défit les petits boutons du dos. Le tissu glissa de ses épaules et tomba au sol dans un murmure. Elle resta immobile un instant, le tissu taché formant une flaque sombre à ses pieds. La fraîcheur du marbre sur sa peau nue contrastait agréablement avec la chaleur qui lui montait au visage. La vulnérabilité d'être exposée, même à elle-même, dans un endroit inconnu, la fit légèrement frissonner. À ce moment précis, on frappa doucement à la porte. « Alina, ça va ? Puis-je… puis-je vous aider ? » Sa voix était prudente, mais d'une intensité qui lui donna la chair de poule. Elle se mordit la lèvre, fixant son reflet : la peau de son dos nu, la tache rouge foncé sur la soie tombée. La seule réponse qu'elle osa donner fut un petit « oui », à peine un murmure. La serrure claqua doucement. La porte s'ouvrit. Il entra, les yeux fixés sur le vêtement taché à ses pieds, puis, lentement et délibérément, se leva pour rencontrer les siens dans le miroir. La tension entre le vin renversé et le silence partagé emplit la petite pièce, annonçant que la nuit ne faisait que commencer.

Alinalu

Your content has been submitted

bottom of page